Biographie de Jacques de Liniers

Jacques de Liniers, naît à Niort le 25 juillet 1753. A douze ans, il est page du Grand-Maître de l’ordre de Malte. En 1768, il prend du service comme sous-lieutenant de cavalerie au Royal-Piémont qu’il quitte en 1774 pour s’engager dans la flotte espagnole.

Pendant la guerre que la France et l’Espagne soutiennent contre l’Angleterre, il se distingue particulièrement en 1782 au siège de Mahon, ce qui lui vaut le grade de lieutenant de vaisseau et un entrefilet dans la Gazette de France. La même année, il se crée de nouveaux mérites lors de l’infructueuse tentative contre Gibraltar en enlevant de vive force un brick de la flotte anglaise. Après ce beau fait d’arme, il est promu au grade de capitaine de frégate, avancement sans précédent dans la marine espagnole.

En 1788, il embarque pour le Rio de la Plata où il est promu en 1792 capitaine de vaisseau. De 1796 à 1802, il commande la flottille légère destinée à la défense des côtes de cette riche colonie espagnole. Nommé gouverneur du territoire des missions jésuites du Paraguay en 1802, il rentre deux ans plus tard. C’est au cours du voyage de retour qu’il perd sa seconde femme, Martine de Sarratea, fille d’un riche négociant créole qui lui laisse huit enfants.

En 1806, les Anglais s’emparent de Buenos Aires. Jacques a alors 53 ans. Avec l’aide de corsaires français et de miliciens créoles, il libère la ville. Un an plus tard, les Anglais attaquent à nouveau, mais se heurtent à une forte résistance organisée et conduite par Liniers. Le 7 juillet, ils se rendent sans condition et quittent définitivement les côtes d’Amérique méridionale. Héros de la Reconquista et de la Defensa, Jacques de Liniers est fait comte de Buenos Aires et nommé Vice-Roi du Rio de la Plata.

En 1808, malgré son refus de reconnaître l'autorité de Joseph Bonaparte sur le trône d'Espagne, il est soupçonné, en raison de ses origines françaises, d´ourdir un complot visant à annexer le Rio de la Plata à la France. Remplacé dans ses fonctions de Vice-Roi, la Révolution de 1810 le surprend à Córdoba. En août de la même année, alors qu´il cherche à organiser une milice pour étouffer le soulèvement survenu à Buenos Aires, il est arrêté et exécuté sur ordre du gouvernement révolutionnaire, le 26 août 1810, à Cabeza de Tigre.

Les cendres de Liniers reposent à Córdoba jusqu'en 1862, date à laquelle elles sont transférées au Panthéon de Cadix en Espagne.


DATES A RETENIR


  • né à Niort en 1753 ;
  • en 1765, il est à Malte où il reçoit une formation militaire par la prestigieuse école de l´Ordre de Malte ; fut reçu chevalier de Malte en 1768 ;
  • en 1768, sous la recommandation de son oncle, le comte de Bremond d'Ars, gouverneur d'Amboise, il obtient un brevet de sous-lieutenant au régiment de Royal-Piémont cavalerie ;
  • démissionnaire en 1774, il s’engage dans la marine espagnole ;
  •  en 1775, il prend part à une expédition espagnole contre la Régence d'Alger ; de retour à Cadix, il est admis au collège des gardes marines et, à la suite d'examens, il passe enseigne de frégate ;
  • en 1776, il obtient d'embarquer comme enseigne de vaisseau sur l'escadre que don Pedro Cevallos, premier vice-roi de BA, arme contre le Brésil. La campagne s'ouvre brillamment quand le traité de St-Ildefonse y coupe court, en restituant aux Portugais tout le terrain conquis, sauf la fameuse Colonia ;
  • en 1778, il participe aux démonstrations de la flotte franco-espagnole contre l'Angleterre dans la Manche. Il est embarqué sur le Saint-Vincent ;
  • en 1781, il est cité dans la Gazette de France du mardi 11 décembre à propos de son action lors de son action à Mahon :

« De Mahon, le 10 novembre 1781 : dans les nouvelles différentes qui ont été données de ce qui s’est passé en cette île, on a oublié de rapporter les faits suivants qui néanmoins ont paru assez importants pour que le général en ait rendu compte à la Cour.

Le général duc de CRILLON ayant été informé que les Anglais avaient 5 bâtiments amarrés dans la petite cale de Calesfart, située au sud du Port, à une portée de fusil du fort St Philippe, résolut de les faire enlever : en conséquence, il donna ses ordres au duc de TAVERNE, commandant de l’Arsenal, au chevalier de LINIERS, commandant en second, et au sieur de BOUILLON, tous les 3 officiers de la marine de SMC ; lesquels s’abouchèrent avec les sieurs ERIES, de VARAGE, de CHAUMONTEL et de SIMONDET, officiers de la marine de France. Ils convinrent entr’eux de la manière dont cette opération devait se faire, et elle s’exécuta par 4 chaloupes armées, et commandées par le chevalier de LINIERS, les sieurs de TAVERNE, de VARAGE et de CHAUMONTEL. Les chaloupes furent soutenues par un petit Chebec armé de pierriers et d’espingoles, monté par 25 grenadiers du régiment d’Ultronia, et commandé par le sieur ERIES.

Ce détachement parvint à prendre et à remorquer 4 bâtiments anglais ; expédition qui eut été faite sans coup férir si une garde avancée des volontaires de Catalogne, n’eut tiré, par méprise, sur les chaloupes, et occasionné un feu très vif des batteries de la place. Les matelots mahonois qui conduisaient les 4 prises, épouvantés du feu, cessèrent de ramer, mais ayant été forcés de reprendre leurs avirons, ils coupèrent l’amarre des vaisseaux. Le sieur de CHAUMONTEL se trouvant accompagné de 2 hommes sur l’un des bâtiments capturés, parvint à en reprendre 3, le 4e entraîné par le courant, fut jeté hors de la cale, et le lendemain matin on le reprit sous les yeux de l’ennemi qui fit un très grand feu.

Le soir, on alla chercher 2 autres et D. Joseph SALAZAR, capitaine de frégate, s’étant joint aux chaloupes, eut part à cette expédition.

Le général apprit qu’il restait encore un bâtiment anglais richement chargé, mais difficile à prendre, tant parce qu’il était mouillé sur le glacis d’un port, que parce que l’ennemi avait pris la précaution d’en retirer le gouvernail. Il chargea le chevalier de LINIERS et le sieur de VARAGE de s’en emparer, ce qu’ils firent malgré les difficultés de l’entreprise. Ce navire se trouva chargé de grelins, pièces de bronze, cuivre et fer travaillé, etc… La cargaison est estimée 500 000 livres. » 

  • en 1782, il se distingue lors de la prise de Minorque et lors de la tentative de récupération de Gibraltar ; sept ans après son admission à l'école navale, il est promu au grade de capitaine de frégate, avancement sans précédent dans la marine espagnole ;
  • 1er juin 1783 : Jacques épouse Jeanne de Menviel à Malaga ;
  • en 1783, il est de l'expédition d'Alger contre les régence barbaresques avec sa frégate. Il reçoit les éloges du commandant Barcelo, commandant l'escadre ;
  •  vers 1784 : naissance de Louis ;
  • en 1785, avide de science pratique, il demande à suivre D. Vincent Tofigno de San Miguel, que le gouvernement vient de charger de la levée des plans des côtes d'Espagne sur l'océan et la Méditerranée. Il reste plus d'une année attaché à ce chef aussi éminent que savant ;
  • en 1786, envoyé dans l’Amérique méridionale et chargé de la démarcation des frontières entre l’Espagne et le Portugal pour le Paraguay et le Brésil ;
  • en 1788, il est destiné, sur sa demande, à la station du Rio de la Plata ; Il y végète comme second commandant de la marine ;
  • 3 sept 1788 : Jacques s’embarque pour le Rio de la Plata au port de l’île de Léon avec son épouse, son fils Louis de 5 ans et une criada espagnole ;
  • 15 décembre 1788 : Jacques arrive au port de Montevideo ;
  • 10 janvier 1789 : Jeanne Ursula, première femme de Jacques, donne le jour à une fille : Antonia Maria del Carmen Josefa Rafaela Buenaventura Margarita Higina ; elle est baptisée le 16 janvier à Montevideo ; sur l’acte baptême, Jacques est commandant en second de la frégate Santa Sabina ; le parrain est Dn Esteban WESTERTON, consul de Suisse venu de Malaga, la marraine, Da Margarita URSULA, grand-mère maternelle de la baptisée ;
  • 20 septembre 1789 : Jacques est embarqué sur la frégate Gertrudis sur laquelle il retrouve 2 de ses anciens compagnons de la Cie royale de gardes marine de Cadix : Dionisio de ALCALA GALIANO et Juan GUTIERREZ DE LA CONCHA ; il collabore avec cette équipe de scientifique ;
  • 23 mars 1790 : mort de Jeanne de MENVIELLE à Montevideo. Sur le certificat de décès, Jacques est commandant en second de la frégate Santa Sabina ;
  • 14 septembre 1790 : Antonia Maria del Carmen Josefa Rafaela Buenaventura Margarita Higina est enterrée à MTVD; sur le certificat de décès, Jacques est tj capitaine de frégate, commandant en second la frégate Santa Maria Magdalena ;
  • 3 septembre 1791 : mariage à Buenos Ayres de Jacques avec Martina de Sarratoa Altolaguirre ;
  • 27 juillet 1792 : naissance de Maria del Carmen à Buenos Ayres. Elle épousera JB Perrichon de Vendeuil en 1808 ;
  • en 1792, Jacques est nommé capitaine de vaisseau et conserve ses fonctions ;
  • 10 janvier 1796 : naissance de Henriette Marie (décédée en 1860) ;
  • en 1796, Jacques est chargé d’établir les chaloupes canonnières à l’embouchure de la Plata ;
  • En 1797 : naissance de Jean de Dieu (décédé en 1811) ;
  • 2 mai 1798 : naissance et baptême de José Antonio, fils de Jacques et de Da Martina de SARRATEA ; le parrain est le capitaine d’infanterie de Bs. As. Dn Agustin de la ROSA et la marraine Da. Maria Mercedes SARRATEA ; sur le certificat de baptême, Jacques est capitaine de vaisseau, commandant des chaloupes canonnières du Rio de la Plata ;
  • 16 novembre 1799 : naissance et baptême de Santiago Tomas Maria del Rosario, fils de Jacques et de Da Martina de SARRATEA ; Jacques est capitaine de vaisseau, commandant des chaloupes canonnières du Rio de la Plata ;
  • 28 décembre 1800 : naissance à Montevideo de Martin Inocencio ;
  • entre 1796 & 1802, au cours de la guerre avec la Grande Bretagne, il a "le commandement de canonnières frétées dans le port de Montevideo avec lesquelles il soutient des engagements répétés contre les navires de guerre anglais qui bloquent les côtes, protégeant ainsi le cabotage & faisant respecter le pavillon espagnol ;
  •  vers 1802 : naissance de Francisca Paula, décédée en 1805 ;
  • en 1802, le vice-roi confie à Liniers le gouvernement par intérim des anciennes missions du Paraguay que les jésuites avaient fondées. Il y passe 3 ans et revient à BA en 1805 pour y reprendre le commandement de la flottille ;
  • 8 septembre 1802 : naissance à Montevideo de Mariano Tomas. « Iglesia Matriz de Montevideo. Libro de baut. Nº 9, fol.188: "El nueve de septiembre de mil ochocientos y dos, Yo Dn José Antonio Fernández, Teniente Cura de la Iglesia Matriz de esta Ciudad de Montevideo, bautizé solemnemente a Mariano Tomás, que nació ayer, hijo legítimo de Dn Santiago Liniers Bremond, Caballero del hábito de Sn Juan y Capn de Navío de esta Real Armada, y de Da María Martina de Sarratea. Abuelos pat. el Conde Luis Santiago de Liniers y la Condesa Enriqueta Teresa de Bremond; Maternos Dn Martín de Sarratea, del Comercio de Buenos Ayres y Da Tomasa Altolaguirre. Padrinos: Dn Manuel de Ortega de este Comercio solamente...". (Lozier lmazan, El Virrey Santiago de Liniers y su descendencia legitisma, p 18) ;
  • 20 décembre 1802 : le vice-roi confie à Liniers le gouvernement par intérim des anciennes missions du Paraguay que les jésuites avaient fondées. Il y passera 3 ans ;  

  • avril 1805 : rappel de Jacques à Montevideo.

  • 27 avril 1805 : Naissance de Maria de los Dolores de la Cruz Conception, à bord de la sumaca (grosse barque côtière) Nuestra Sra. Del Pilar, dans le port de Cruz Colorada, sur la rivière Parana.

  • 29 avril 1805 : enterrement de Martina de SARRATEA en la chapelle de Las Conchas, femme de Don S. LINIERS, Gobernador de las Misiones de Tapes y Guaranies. ; Martina est enterrée en même temps que Maria del PILAR SARRATEA, negra libre. D’après Lozier Almazan, ces décès ont été causés par « alguna enfermedad, quizas infecta contagiosa, que ataco a los viajeros durante la navigacion ». Le même jour, baptême de leur fille María de los Dolores de la Cruz Concepción qui naquit le 27 du même moisà bord de la sumaca Nuestra Sra ;
  • 4 mai 1805 : "en 4/5/1805 di sepultura con entierro mayor al cadaver de Francisca de Paula, hija legitima del Caballero Dn S. LINIERS y de dona Martina SARRATEA." Es probable que la causa de estes muertes haya sido algunas enfermedad, quizas infectacontagiosa, que ataco a los viajeros durante la navigacion (Lozier Almazan) ;
  • en 1806 le général anglais Carr Berresford s´empare de la ville de Buenos Aires, mais les milices levées par Liniers en Uruguay (Côte Orientale) reconquièrent la capitale de la vice-royauté. Après cette victoire, Liniers est acclamé par le peuple qui le déclare gouverneur politique et militaire de la ville ;
  • en 1807, les Anglais prennent Montévidéo. Après la défaite des forces du Vice-Roi Sobremonte et l´héroïque défense de la ville de Buenos Aires, les habitants de Buenos Aires, réunis en assemblée, exigent du Roi la destitution du Vice-Roi. La couronne espagnole nomme alors Liniers Vice-Roi, Gouverneur et Capitaine Général du Rio de la Plata. Les "porteños", les habitants de Buenos Aires, isolés lors de la résistance et reconquête de leur ville, se mettent à douter de la nature du pouvoir d´un vice-roi totalement incapable de les défendre. Ils constatent, lors du mouvement de résistance contre les envahisseurs, qu´ils disposent eux-mêmes d´un pouvoir non négligeable et que leur organisation et leur cohésion peuvent servir à d´autres fins, plus audacieuses ;
  • en 1808, malgré le refus de Liniers de reconnaître l´autorité de Joseph Bonaparte sur le trône d´Espagne, il est soupçonné, en raison de ses origines, d´ourdir un complot visant à annexer le Rio de la Plata à la France. Remplacé dans ses fonctions de Vice-Roi par Cisneros ;
  • la Révolution de 1810 le surprend à Córdoba. En août de la même année, alors qu´il cherche à organiser une milice pour étouffer le soulèvement survenu à Buenos Aires, il est arrêté et exécuté sur ordre du gouvernement révolutionnaire ;
  • les cendres de Liniers reposent à Cruz Alta jusqu'en 1862, date à laquelle elles sont transférées au Panthéon de Cadix, en Espagne.









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